une vampirette en Eka
Amárith ne savait pas vraiment
depuis combien de temps elle était partie d'Oriande pour aller visiter
Nivalis, l'île qui se trouvait de l'autre côté de la grande mer bleue.
Elle avait beaucoup dormi, c'est qu'une vampirette, quand ça dort, ça
dort ! Enfin, peut-être pas toutes les vampirettes, après tout elle
n'en connaissait pas d'autres qu'elle, mais elle, elle ne savait jamais
pendant combien de temps elle dormait, peut-être pas si longtemps,
après tout… elle se réveillait et partait se promener, visiter, puis
retournait dormir… jusqu'à ce qu'elle se réveille, comme tout le monde
en somme.
Justement, un soir elle avait ouvert les yeux, s'était
levée de très bonne humeur et surtout avec une folle envie de revoir
son île.
Nivalis c'est pas mal, mais en fait, je n'ai jamais trouvé le chemin de la grande ville, peut-être qu'il n'y en a pas… Mais je reviendrai vite,
dit-elle à ses amis fantômes,
et
on ira voir ces gens qui vivent près de la grande huitre, d'ailleurs la
belle dame nous y a invités, l'autre jour… Au revoir, à bientôt !
Et la petite vampire était partie en courant et en sautillant pour rejoindre le petit port marchand qui se trouvait juste à côté de son petit royaume et s'était faufilée sur le premier bâteau, confortablement installée derrière un tonneau elle n'avait pas tardé à s'y endormir, pour se réveiller peu avant l'aube (mais combien de jours ou mois plus tard ? ça personne ne peut le dire). Le bateau était amarré dans le port d'une ville animée.
Ah chouette, on est déjà arrivés à Oriande ! Le voyage a été vite !
Mais Amárith avait beau ouvrir bien grand les yeux, tout semblait différent. Les boutiques étaient toujours aussi belles et aussi bleues, les rue n'étaient pas très animées, il faut dire que beaucoup de personnes dorment jusqu'à ce que le soleil se lève (
c'est marrant, ils font comme s'ils ne voyaient pas dans le nuit !
). La vampirette regardait toutes les vitrines, toutes les façades, essayant d'en reconnaître une qu'elle aurait déjà vue, mais non, elle n'était pas venue en ville assez souvent, ou alors les marchands avaient changé la décoration. Pendant qu'elle s'émerveillait de toutes ces nouveautés bleutées, les échoppes ouvrirent l'une après l'autre (ou peut-être toutes en même temps), les rues se remplirent de gens, de chevaux, de bruit, de vie… et elle reconnut une voix
- Ben je trancherai pour celle qui a les plus gros nibards !
Le curé !
Amárith s'accroupit derrière une porte pour ne pas qu'il la voie, à chaque fois qu'il la croisait il l'appelait "mon enfant" et essayait de lui attraper la main, il voulait lui faire visiter son église et lui montrer sa grosse… euh son gros bidule là… qu'il sortait de dessous sa robe et prenait à la main…
une croix
,
elle avait retrouvé le nom, ça s'appelait une croix ! Amárith avait
très peur des croix, on lui avait dit que ce n'était pas bon pour la
santé des vampirettes, et puis encore pire, une fois il avait aussi
essayé de lui jeter de l'eau bleue claire (c'est parce qu'il y avait du
jus de framboises mélangé), mais l'eau des curés ça brûle la peau
l'avaient prévenue ses amis fantômes, surtout surtout surtout, il
fallait fuir les curés !
Là il venait d'entrer dans un grand
bâtiment avec une grande porte à double battants, sans fenêtres. Ca ne
ressemblait pas à une église, et il avait l'air d'y faire frais, alors
la curiosité fut la plus forte et elle le suivit discrètement. Elle
n'avait jamais vu de maison comme ça.
A l'intérieur, il y avait
surtout des chaises, beaucoup de chaises, et un gros bonhomme qui
tapait sur une table avec un marteau en criant
- Silence, silence, siiiiilence !
Il en faisait du bruit à lui tout seul !
- Silence ! Silence !
Le pauvre, il ne connaissait qu'un seul mot.
Il
avait un gros rat à côté de lui, la vampirette, qui aimait tous les
animaux, avait très envie d'aller le caresser, elle en avait presque
oublié le curé… presque, elle jeta quand même un petit coup d'œil, ouf
! il ne la regardait pas, et se concentra de nouveau sur le rat quand
le gros bonhomme s'arrêta de taper et continua de parler, mais cette
fois normalement, la vampirette n'écoutait pas, elle continuait de
fixer le rat et se rapprochait tout tout doucement de lui, à quatre
pattes… puis un autre bonhomme se mit à parler, très très fort, tout
près d'elle, la faisant sursauter
… réuni la cour d'Ekarys… bla bla bla… hanse vertueuse… bla bla bla… mercenaires… bla bla bla…
Tiens, des tueuses vertes ? vert c'est le bleu de Dhyrule !
Amárith avait déjà entendu parler de ces tueuses, qui se battaient avec une lance (une lance ? elle n'était plus si sûre...) en tout cas elles avaient des chevaux ! elle était impatiente : enfin elle allait voir des amazones, des vraies ! Elle se leva pour essayer de voir les chevaux, se retrouvant d'un coup debout sous les yeux de toute cette foule réunie et silencieuse qui la fixait. Puis fronça les sourcils en se souvenant d'un mot prononcé (crié) par l'homme déguisé là à côté du très gros au petit marteau, alors elle s'approcha (là elle avait complètement oublié le curé et même le rat et les amazones et leurs chevaux)
- pardon Monsieur, vous avez bien dit que nous sommes devant la cour d'Ekarys. Excusez-moi, mais… Ekarys ce n'est pas une petite île tout à l'autre bout de la mer, encore plus loin que Nivalis ? Dites, on est bien à Oriande là ? L'île de Lutra, du chien-chien gentil Cerbère, du chien-chien Tarl le pas beau, de la sorcière sur la grande montagne, tout ça tout ça ? et pourquoi vous dites qu'on est dans la cour ? on n'est bien à l'intérieur d'une maison pourtant, là... S'il vous plaît Monsieur, vous n'auriez pas vu une petite créature avec un chap...
Le gros bonhomme semblait s'impatienter du bavardage poli, mais incessant de la petite vampirette, il devenait bleu très foncé, et il reprit sauvagement son marteau et tapa encore plus fort sur sa petite table, faisant sauter le pauvre rat à chaque coup
- Siiiilence ! asseyez-vous et taisez-vous ou je fais évacuer !